- ABSENTÉISME
- ABSENTÉISMEABSENTÉISMETerme surtout utilisé pour désigner le comportement des salariés au sein de l’organisation qui les emploie. On a défini l’absentéisme de façon étroite comme l’habitude qu’ont certains travailleurs de négliger, sans motif valable, de se rendre à leur travail ou, de façon plus large, comme «toute absence, volontaire ou non» (Casselman, Labor Dictionary ). De toute manière, il ne s’agit là que des absences résultant de motifs individuels, les statistiques ne comptabilisant pas sous cette rubrique les journées perdues pour fait de grève.Si personnel soit-il, ce comportement renseigne autant sur l’organisation que sur les individus; aussi est-il l’un des indices les plus usités pour évaluer le fonctionnement d’une organisation. Étudiant ses variations et constatant notamment que, comme le freinage, il diminuait après les grèves, certains auteurs y ont vu une manifestation du mécontentement. Dans les pays en voie de développement, il peut avoir un tout autre sens et ne faire qu’exprimer des conduites économiques préindustrielles.L’absentéisme est plus élevé en période de plein emploi dans les grandes entreprises et chez les jeunes travailleurs ou les travailleurs ayant peu d’ancienneté. La diminution de l’absentéisme avec l’âge est plus nette chez les femmes que chez les hommes. À mesure qu’augmentent les charges familiales, il diminue chez les hommes et augmente chez les femmes. Il est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Mais une partie notable de l’absentéisme féminin s’explique par la nature des emplois tenus (travail non qualifié, répétitif). À ce propos, on a pu dire que c’est le poste et non l’individu qui permet de rendre compte du phénomène de l’absentéisme.Les pertes en journées de travail du fait de l’absentéisme sont partout considérablement plus élevées que celles qui sont dues aux conflits, mais elles sont difficiles à évaluer monétairement. Le manque à gagner dû à l’absence du travailleur dépend de la nature et de l’importance de son poste; il ne doit pas être envisagé de façon absolue, mais plus souvent comme le succédané d’autres formes de mécontentement, lesquelles impliquent également des pertes. Pour prendre des mesures adéquates à ce sujet, les chefs d’entreprise doivent évaluer les effets de l’absentéisme et en analyser les causes.• absentisme 1828; angl. absenteeism, de absentee « absent »1 ♦ Vx ou didact. Habitude prise par les propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres.2 ♦ (1846) Absence d'un salarié de son lieu de travail, non justifiée par un motif légal; comportement de la personne qui est souvent absente. Absentéisme scolaire, féminin.absentéismen. m. Fait d'être souvent absent (de son lieu de travail, d'études). Taux d'absentéisme.|| Tendance à être souvent absent sans motif valable.⇒ABSENTÉISME, subst. masc.I.— HIST. (ANC. RÉGIME). Habitude de certains nobles à vivre hors de leurs terres; système d'exploitation découlant de la non-résidence des propriétaires :• 1. Son absence même de ses terres, au lieu de soulager ses voisins, augmentait leur gêne. L'absentéisme ne servait pas même à cela; car des privilèges exercés par procureur n'en étaient que plus insupportables à endurer.A. DE TOCQUEVILLE, L'Ancien régime et la Révolution, 1856, p. 169.• 2. N'étant plus leur chef, il n'avait plus l'intérêt qu'il avait eu autrefois à les ménager, à les aider, à les conduire; et, d'une autre part, n'étant pas soumis lui-même aux mêmes charges publiques qu'eux, il ne pouvait éprouver de vive sympathie pour leur misère, qu'il ne partageait pas, ni s'associer à leurs griefs, qui lui étaient étrangers. Ces Hommes n'étaient plus ses sujets, il n'était pas encore leur concitoyen : fait unique dans l'histoire. Ceci amenait une sorte d'absentéisme de cœur, si je puis m'exprimer ainsi, plus fréquent encore et plus efficace que l'absentéisme proprement dit. De là vint que le gentilhomme résidant sur ses terres y montrait souvent les vues et les sentiments qu'aurait eus en son absence son intendant;...A. DE TOCQUEVILLE, L'Ancien régime et la Révolution, 1856 p. 27.Rem. 1. Emploi fig. : absentéisme de cœur, ex. 2; il s'agit d'une création d'aut. (cf. : si je puis m'exprimer ainsi). 2. Non-résidence, qui se dit plus particulièrement du haut degré, de magistrats, etc.II.— Manque habituel ou systématique d'assiduité à son lieu de travail :• 3. Quel joli clergé sort de ces études-là! Ils se mettent à six pour faire un étudiant entier, et s'accordent tous les genres d'indulgences : ignorance, paresse, absentéisme, préparation pour rire, examens à la diable et par voie de loterie. Bref, c'est choquant! choquant parce que c'est frauduleux. Des candidats au ministère ricanant avec la conscience, cela fait peine.H.-F. AMIEL, Journal intime, 8 sept. 1866, p. 434.Prononc. :[
]. Enq. :/
/.
Étymol. ET HIST. — Corresp. rom. : ital. assenteìsmo (< fr.); esp. absentismo (< angl.); cat. absentisme; roum. absenteism.1. 1828, oct. « habitude des propriétaires terriens de vivre éloignés de leurs propriétés (en référence à l'Irlande avant la Loi d'Émancipation, 1829) » (J.-B. SAY, De l'absentisme et de ce que deviendra l'Irlande ds R. encyclop., 283 : En Irlande... les terres ont été non pas vendues, mais données aux suppôts de la dynastie nouvelle... Ces gens, ne pouvant habiter... au milieu d'un pays ainsi traité sont revenus en Angleterre, après avoir loué leurs biens à des spéculateurs qui les ont sous-loués... à de pauvres cultivateurs... Tel est le régime pour lequel on a fait un nouveau nom l'absentisme. [et non absentéisme, indiqué par QUEM., DAUZAT 1964, FEW et BL.-W.5]); 1829, mars « id. » ([anon.] Colonisation de l'Irlande ds R. des Deux-Mondes, 80 : ... le remède le plus efficace... en Irlande contre l'absentisme [en N. : c'est ainsi qu'on appelle l'habitude d'émigrer que l'on remarque chez les Irlandais, et surtout parmi les classes riches] serait un fonds public destiné à donner du travail au peuple); 2. 1847 « non présence, manque d'assiduité (domaines du parlement, du théâtre) » (T. GAUTIER, Art dramat. en France, V, 110 ds QUEM. : le public (...) a le même droit d'absentisme, comme on dit à la Chambre). Ext. du sens partic. au sens gén. au XXe s. (cf. sém. 2); 3. 1856 emploi fig. « éloignement affectif » ([réf. à la 1re occurrence] TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et Révol.), cf. ex. 2; 1908, 10 avril « éloignement, fuite (de capitaux) » (Liberté, p. 1, col. 7 ds BONN. : l'absentéisme de la richesse, l'émigration des capitaux).Empr. à l'angl. absenteeism, au sens 1 dep. 1829 (Gen. Thompson, art. Absenteeism ds Westm. Rev. [janv. 1842] I. 55 ds NED :the only permanent effect of any given quantity of absenteeism, is to make Ireland a smaller Ireland), (Hist. voir Encyclop. Brit. XII, 611), dér. de l'angl. absentee « a landlord who lives abroad » dep. 1605 (NED, en réf. à l'Irlande), dér. de to absent, empr. au fr. (s')absenter; absenteeism existant antér. à 1829 (empr. fr. 1828), succède à absenteeship « id. (même emploi) » dep. 1778 (NED). 2 élargissement du sens 1 (cf. 1852, Miss YONGE, Cameos, IV, III, 34 ds NED : absenteeism of clergy from their benefices). 3 empl. fig. (pas d'équiv. ds NED, DAE).STAT. — Fréq. abs. litt. :4.BBG. — AQUIST. 1966. — LAFON 1963. — PIÉRON 1963. — ROMEUF. t. 1 1956. — SILL. 1965.absentéisme [apsɑ̃teism] n. m.ÉTYM. 1834, Boiste; absentisme, 1828; de l'angl. absenteeism, de absentee « absent ».❖1 Vx. ou didact. (hist.). Habitude prise par les propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres.1 Son absence même de ses terres, au lieu de soulager ses voisins, augmentait leur gêne. L'absentéisme ne servait pas même à cela (…)A. de Tocqueville, l'Ancien Régime et la Révolution, p. 169.2 (1846, cit. 2). Cour. Manque d'assiduité à un travail exigeant la présence en un lieu; comportement d'une personne qui est souvent absente. || Son carnet scolaire fait état de son absentéisme.2 Si par hasard un maître rigoureux exige de la régularité et l'exécution de la tâche habituelle avec plus d'exactitude que ses voisins, il est exposé à la désertion et à l'absentéisme; à la désertion, parce que l'employé veut prendre du service chez quelque propriétaire où il pourra se livrer à plus d'indolence, et à l'absentéisme, parce que c'est pour lui un moyen d'échapper temporairement à la contrainte et au travail régulier.Annales maritimes et coloniales, t. 97, p. 79-80 (1846).♦ (1859). || Absentéisme électoral. — Spécialt, mod. (dans des contextes traitant de la vie économique, de la production). Tendance à l'absence des lieux de travail, chez les salariés. || La répétitivité des tâches est considérée comme un facteur aggravant l'absentéisme, alors que l'initiative laissée aux exécutants tend à le faire diminuer.
Encyclopédie Universelle. 2012.